RENCONTRE(S)

« Un artiste rien qu’à soi. Pour se rencontrer. Pour se raconter »

  • « Je m’installe face à un monsieur dont je devine qu’il ne voit pas. Je ne suis pas sûr - ses yeux translucides sont rivés vers le plafond blanc. Je me lance, sa main réagit en pressant la mienne à chaque fin de vers comme pour dire : « J’ai - tu peux continuer ». Son souffle m’aide aussi. Les messages passent par le souffle… La parole manquante, le corps figé. Je lui ai lu : Il est des lieux de Yvon Le Men. Puis je l’ai laissé se reposer silencieusement, arrachant délicatement ma main à la sienne »

    Hôpital Fernand Widal (gériatrie)

  • « Elle m’explique que la littérature française a beaucoup influencé la culture roumaine. Elle a fait des années d’études en géopolitique avant le « coup de fusil en pleine tête » - c’est comme ça qu’elle évoque la nouvelle de sa tumeur. Tout à coup, tout s’est arrêté, tout s’est figé. Je la sens inquiète et optimiste à la fois. Elle essaye tant bien que mal de composer avec. On parle de poésie, de chez elle : de Celan notamment. Elle est amoureuse de notre littérature, sa mère enseignait la littérature roumaine. Ses études l’ont beaucoup fait voyager. Elle se sent appartenir à « partout et nulle part à la fois ». « Mieux vaut se sentir chez soi à l’étranger, qu’étranger chez soi » - je la soupçonne d’écrire de la poésie… »

    Hôpital de Pitié-Salpétrière (neuro-oncologie)

  • « Je suis en quartier d’isolement. Les isolés, parmi les isolés. Parce qu’ils ont un peu plus « merdé » que les autres, que leur affaire est sue, connue des autres, qu’ils sont en danger dans la cohabitation avec les autres détenus, pour mille raisons. C’est la prison dans la prison. Alors - les voilà plongés dans une solitude extrême. En introspection non choisie. À se poser chacune des questions de l’existence, notamment : À quoi ça tient ? »

    Maison d’arrêt du Val d’Oise.

  • « Still, the woman lit up when the conversation turned to her great-grandchildren, and listened closely to a poem by the early 20th-century writer Anna de Noailles. “It’s nice,” she concluded. “A woman wrote this?” »

    New York Times - Hôpital Charles Foix (gériatrie)

La rencontre est un temps d’échange privilégié entre un artiste et un bénéficiaire.

  • DONNER à l’autre du temps, de l’attention, un moment de partage et d’écoute

  • COMPRENDRE son parcours, VALORISER son vécu, son expérience, son bagage culturel

  • EXPLORER sa sensibilité en le considérant dans sa singularité, son unicité

  • COMPOSER avec son énergie du moment, sa pudeur, ses ressentis

  • OFFRIR un répit consacré au bien-être, soigner l’instant pour CRÉER des perspectives

  • METTRE SON ART AU SERVICE DE L’AUTRE en ponctuant l’entretien de musique, de danse ou de lectures de textes susceptibles de faire du bien, qui correspondent à la situation et résonnent avec l’échange…

RENCONTRE(S)

MODE D’INTERVENTION #1